La directrice de la Chambre de commerce franco-belgo-luxembourgeoise nous dévoile plusieurs facettes inédites de ce marché. Interviewer Patricia de Backer, directrice de la Chambre de Commerce Franco-Belgo-Luxembourgeoise, constitue déjà un exercice en soi : celui de contourner les fausses croyances sur le commerce en France et avec la France.

Inutile d’adopter une approche globale : le pays a beau être grand, il est facilement divisible en quatre parties, sans compter l’Île-de-France. L’une de ces régions, les Hauts-de-France (dont le chef-lieu est Lille) compte six millions d’habitants. Le point de départ idéal pour se lancer dans l’Hexagone.

Un mot d’introduction sur la Chambre?

Patricia de Backer: La Chambre a vu le jour il y a 120 ans. À l’époque, son rôle était d’aider les ouvriers textiles venant de Flandre à obtenir les “bons papiers” lors de leur passage à la frontière. La Chambre a ensuite pris le nom de Business Club, pour finalement devenir une véritable structure avec un président et une directrice à plein temps au début des années 90. Je suis seulement la deuxième personne à occuper ce poste.

Actuellement, nous travaillons avec trois collaborateurs. Il y a peu, la Chambre a également accueilli le Grand-Duché de Luxembourg. En quelques semaines, cinq entreprises luxembourgeoises ont fait leur entrée à la Chambre. Rien que pour cette année, nous comptons quarante nouveaux membres. Sur un total de 450, cela représente une augmentation énorme.

Quels développements ayant eu lieu en France peuvent être intéressants pour les entreprises belges ?

PDB: Après la crise du Covid, le marché est de nouveau sur les chapeaux de roue. Le pays est plus ouvert qu’auparavant aux nouveaux produits et investissements, ce qui crée des opportunités incroyables pour les Belges. Comme les entreprises belges et luxembourgeoises proposent souvent des produits ou services innovants, elles sont plus que bienvenues sur le marché français. Prenons l’exemple des panneaux solaires, un secteur dans lequel la Belgique excelle. En plus d’être en avance sur tout le monde, les sociétés belges utilisent de nouvelles techniques, comme la location de panneaux solaires. Je vois maintenant plus de B2B que de B2C. Du jamais vu !

Ne vous méprenez pas: il existe encore de grandes différences culturelles entre la France et la Belgique. À la Chambre, nous vous aidons à surmonter ces obstacles.

La Belgique est-elle facile à promouvoir en France ?

PDB : J’aimerais formuler la question autrement : “comment attirer les entreprises belges sur le marché français” ? La réponse est : c’est relativement facile. Pourtant, je dois sans cesse rappeler les grandes différences culturelles aux acteurs économiques. Vu la taille et la proximité de leur voisin, les Belges se disent que “ça doit être à peu près la même chose que chez nous”. Bien au contraire.

Vous allez trouver ça drôle, mais se pointer à une première réunion d’entreprise en jeans et tendre la main en lançant un simple “salut, tu vas bien ?”, ici, ça ne passe pas. En France, l’aspect culturel est au moins tout aussi important que l’aspect juridique. Je dois continuellement rappeler qu’on ne commence pas un mail d’introduction par “cher.e”. Ne pas connaitre ces étiquettes, qui sont gages de sérieux pour les Français, peut faire perdre toute crédibilité aux entrepreneurs belges mal avertis…

Concrètement, quels services proposez-vous ?

PDB: Nous proposons une gamme de services variée. En plus des conseils (juridiques, fiscaux, administratifs) et de l’organisation de meetings en B2B (une tâche laborieuse, mais particulièrement gratifiante), nous mettons aussi en place des événements et séminaires “sur mesure”. Notre Business Center propose aussi les trois services suivants :

  • Location de salles de réunion
  • Espace de coworking (inclus dans l’adhésion)
  • Domiciliation des entreprises dans notre Business Center et soutien logistique des activités des entreprises belges et luxembourgeoises

Nos membres peuvent aussi bénéficier d’un petit parking et d’un petit-déjeuner ou un lunch, une touche finale très appréciée.

Pouvez-vous me donner un exemple d’une entreprise que vous avez récemment aidé ?

PDB : Via la domiciliation d’entreprise, nous avons aidé la société TDM.LOG. Cette entreprise a acheté, il y a quelques années, les anciens bâtiments des 3Suisses basés à Tournai. De là-bas, on envoie les catalogues – entre-temps entièrement personnalisés – de, par exemple, Blancheporte ou d’autres marques. Mais ensuite est venu la Covid. L’entreprise logistique a rapidement réussi à se reconvertir en distribuant des masques de protection.

En Belgique, TDM.LOG pouvait concourir pour des appels d’offre sans aucun problème. Mais en France le marché leur était fermé puisqu’ils n’étaient pas une entreprise française à part entière. Nous avons vite pu résoudre leur problématique en leur conseillant de créer une entreprise de droit français avec la location d’un bureau permanent dans nos locaux.

Source : https://belgianchambers.be/fr/la-france-un-immense-eldorado-pour-les-entreprises-belges/